...Κάθε ελληνόπουλο που λιποθυμά στην αυλή του σχολείου του, μας καλεί να αγανακτήσουμε και να εξεγερθούμε. Για τους Έλληνες, ήρθε η ώρα να πουν το μεγάλο όχι, και για όλους εμάς να το υποστηρίξουμε.
Επειδή η Ελλάδα είναι τώρα στην πρώτη γραμμή του αγώνα κατά του οικονομικού ολοκληρωτισμού όπου, παντού ανά τον κόσμο, καταστρέφει την δημόσια περιουσία, απειλεί την καθημερινή επιβίωση, διαδίδει την απόγνωση το φόβο και την αποβλάκωση με έναν πόλεμο όλων εναντίον όλων.
Πέρα από ένα συναισθηματικό θυμό που εκδηλώνεται με την καταστροφή των συμβόλων της καταπίεσης, αναπτύσσεται ένας διαυγής θυμός, αυτός των αγωνιστών που αρνούνται να στερηθούν τη ζωή τους προς όφελος της τραπεζικής μαφίας και της λογικής του τρελλού χρήματος.
Με τις Συνελεύσεις για την άμεση δημοκρατία, το κίνημα της πολιτικής ανυπακοής "δεν πληρώνω" και τις πρώτες εμπειρίες της αυτοδιαχείρισης, μια νέα Ελλάδα αναδύεται, η οποία απορρίπτει την τυραννία της αγοράς στο όνομα του ανθρωπισμού.
Αγνοούμε πόσο καιρό θα πάρει στους λαούς να ελευθερωθούν από την εθελοντική δουλεία τους, αλλά είναι βέβαιο ότι, μπροστά στη γελοιοποίηση της πελατειακής πολιτικής, στις διαφθαρμένες δημοκρατίες και τον χονδροειδή κυνισμό του κράτους τραπεζίτη, δεν θα έχουμε παρά μια επιλογή – για αποφυγή κάθε κερδοσκοπίας – να αναλάβουμε μόνοι μας τις δικές μας δουλειές.
Η Ελλάδα είναι το παρελθόν μας. Είναι επίσης το μέλλον μας.
Ας το ανακαλύψουμε ξανά μαζί της !
Το 2012, ας γίνουμε όλοι Έλληνες !
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Texte paru dans le quotidien français Libération le lundi 20 février 2012.
http://www.liberation.fr/
Par : Raoul Vaneigem, médiéviste belge et ex-membre de l’Internationale situationniste, est l’auteur du «Traité de savoir-vivre àl’usage des jeunes générations», paru en 1967. et Yannis Youlountas, philosophe, écrivain franco-grec.
Pour un soutien au combat du peuple grec et pour une libération immédiate des manifestants emprisonnés.
Non, bien que dramatique, ce qui se déroule en Grèce n’est pas une catastrophe. C’est même une chance. Car le pouvoir de l’argent a, pour la première fois, dépassé allègrement le rythme jusque-là progressif, méticuleux et savamment organisé de la destruction du bien public et de la dignité humaine. Et ce, sur une terre aussi réputée pour sa philosophie de vie aux antipodes du modèle anglo-saxon que pour sa résistance inlassable aux multiples oppressions qui ont tenté de la mettre au pas. Le Grec ne danse pas et ne dansera jamais au pas de l’oie ni en courbant l’échine, quels que soient les régimes qu’on lui impose. Il danse en levant les bras comme pour s’envoler vers les étoiles. Il écrit sur les murs ce qu’il aimerait lire ailleurs. Il brûle une banque quand elle ne lui laisse plus les moyens de faire ses traditionnelles grillades. Le Grec est aussi vivant que l’idéologie qui le menace est mortifère. Et le Grec, même roué de coups, finit toujours par se relever.
Oui, l’Europe de la finance a voulu faire un exemple. Mais, dans sa hargne à frapper le pays qui lui semblait le plus faible dans la zone euro, dans sa violence démesurée, son masque est tombé. C’est maintenant, plus que jamais, le moment de montrer du doigt à tous son vrai visage : celui du totalitarisme. Car il s’agit bien de cela. Et il n’y a qu’une seule réponse au totalitarisme : la lutte, tenace et sans concession, jusqu’au combat, s’il le faut, puisque l’existence même est en jeu. Nous avons un monde, une vie, des valeurs à défendre. Partout dans les rues, ce sont nos frères, nos sœurs, nos enfants, nos parents qui sont frappés sous nos yeux, même éloignés. Nous avons faim, froid, mal avec eux. Tous les coups qui sont portés nous blessent également. Chaque enfant grec qui s’évanouit dans sa cour d’école nous appelle à l’indignation et à la révolte. Pour les Grecs, l’heure est venue de dire non, et, pour nous tous, de les soutenir.
Car la Grèce est aujourd’hui à la pointe du combat contre le totalitarisme financier qui partout dans le monde détruit le bien public, menace la survie quotidienne, propage le désespoir, la peur et la crétinisation d’une guerre de tous contre tous.
Au-delà d’une colère émotionnelle qui se défoule en détruisant des symboles d’oppression, se développe une colère lucide, celle de résistants qui refusent de se laisser déposséder de leur propre vie au profit des mafias bancaires et de leur logique de l’argent fou. Avec les assemblées de démocratie directe, la désobéissance civile, le mouvement «Ne payons plus» et les premières expériences d’autogestion, une nouvelle Grèce est en train de naître, qui rejette la tyrannie marchande au nom de l’humain. Nous ignorons combien de temps il faudra pour que les peuples se libèrent de leur servitude volontaire, mais il est sûr que, face au ridicule du clientélisme politique, aux démocraties corrompues et au cynisme grotesque de l’Etat bankster, nous n’aurons que le choix - à l’encontre de tout affairisme - de faire nos affaires nous-mêmes.
La Grèce est notre passé. Elle est aussi notre avenir.
Réinventons-le avec elle !
En 2012, soyons tous Grecs !