Privatiser l'eau en Grèce ? Hors de question, c'est un bien public
Ιδιωτικοποίηση του νερού στην Ελλάδα; Δεν τίθεται θέμα, πρόκειται για ένα δημόσιο αγαθό.
Publié le 12-07-2013 à 10h34 - Modifié le 12-07-2013 à 11h41
Par Jean-Luc Bennahmias
Vice-Président du MoDem
(Πριν λίγους μήνες, η Ευρωπαϊκή Επιτροπή ενθάρρυνε την Ελλάδα και την Πορτογαλία να προχωρήσουν στην ιδιωτικοποίηση της διαχείρισης των εταιρειών ύδρευσης (ΕΥΔΑΠ, ΕΥΑΘ). Παρά το γεγονός ότι πρόσφατα υπαναχώρησε κάτω από πίεση των πολιτών, το νερό είναι ένα δημόσιο και κοινωνικό αγαθό που δεν πρέπει σε καμμία περίπτωση να τεθεί κάτω από το ζυγό των ιδιωτικών εταιρειών, δήλωσε ο Jean-Luc Bennahmias, ευρωβουλευτής και αντιπρόεδρος του Κινήματος των Δημοκρατικών.)
LE PLUS. Il y a quelques mois, la Commission européenne encourageait la Grèce et le Portugal à privatiser leur gestion de l'eau. Même si elle a récemment fait machine arrière sous la pression citoyenne, l'eau est un bien public commun qui ne doit en aucun cas passer sous le joug d'entreprises privées, estime Jean-Luc Bennahmias, député européen et vice-président du Mouvement Démocrate.
Vice-Président du MoDem
(Πριν λίγους μήνες, η Ευρωπαϊκή Επιτροπή ενθάρρυνε την Ελλάδα και την Πορτογαλία να προχωρήσουν στην ιδιωτικοποίηση της διαχείρισης των εταιρειών ύδρευσης (ΕΥΔΑΠ, ΕΥΑΘ). Παρά το γεγονός ότι πρόσφατα υπαναχώρησε κάτω από πίεση των πολιτών, το νερό είναι ένα δημόσιο και κοινωνικό αγαθό που δεν πρέπει σε καμμία περίπτωση να τεθεί κάτω από το ζυγό των ιδιωτικών εταιρειών, δήλωσε ο Jean-Luc Bennahmias, ευρωβουλευτής και αντιπρόεδρος του Κινήματος των Δημοκρατικών.)
LE PLUS. Il y a quelques mois, la Commission européenne encourageait la Grèce et le Portugal à privatiser leur gestion de l'eau. Même si elle a récemment fait machine arrière sous la pression citoyenne, l'eau est un bien public commun qui ne doit en aucun cas passer sous le joug d'entreprises privées, estime Jean-Luc Bennahmias, député européen et vice-président du Mouvement Démocrate.
L'eau est-elle un bien comme un autre ? (Gregory Bull/AP/SIPA)
C'est le nouveau cheval de bataille de la Troïka : la privatisation de l'eau.
Sous couvert de renflouer les caisses de la Grèce, on voudrait faire
avaler à une population locale plus que réticente des partenariats dont
elle ne veut pas.
Un enjeu de politique publique majeur
La gestion de l'eau est
un enjeu de politique publique majeur. Dans un contexte budgétaire de
plus en plus serré, certaines autorités publiques se tournent vers le
secteur privé. La privatisation de la distribution et du traitement des
eaux n'a d'ailleurs pas été inventée pour la Grèce. En Espagne, par
exemple, 57% de l'eau est aujourd'hui gérée par le privé alors qu'en
1996, 63% de l'eau était sous contrôle d'entreprises publiques. Ce
mouvement s'est accompagné d'une augmentation des prix, qui a pu
atteindre jusqu'à 30% par an pour certaines villes.
Les problèmes posés par une gestion privée de l'eau sont connus. Le film "Water makes Money" [1] dont plusieurs témoins a été attaqués par Veolia
pour diffamation , dresse un sombre bilan de la gestion de l'eau par le
secteur privé : augmentation des coûts de gestion et des prix pour les
usagers, sans réelles améliorations concrètes du service.
Dans certains cas, le
manque de transparence est également mis en cause et des cas de
corruption se sont multipliés dans les différents pays européens.
L'opacité financière rend parfois la lecture des contrats - qui sont
souvent extrêmement complexes - très difficiles à déchiffrer, pour les
différentes parties prenantes, et notamment les élus. A Berlin, par
exemple, les habitants ont décidé par référendum de casser le secret du contrat et la municipalité est repassée à une gestion publique.
L'eau n'est pas une marchandise
A Paris, la gestion de
l'eau est assurée par une régie municipale depuis 2010. La régie est le
mode le plus approprié pour la gestion de cette ressource essentielle
qu'est l'eau. En effet, l'eau n'est pas une marchandise, c'est un bien
public. L'accès à l'eau est un droit fondamental qui devrait être assuré
pour tous.
C'est ce que semblent
partager, enquête après enquête, les citoyens qui apparaissent assez
largement sceptiques face à une privatisation de l'eau (selon des
sondages, 80% des Allemands seraient contre la privatisation tandis que
11 autres pays européens afficheraient des proportions comparables).
En Italie, Berlusconi
avait d'ailleurs dû renoncer aux privatisations face à l'opposition
massive des citoyens. Aux Pays-Bas, la privatisation est même
inconstitutionnelle. En Grèce, près de deux tiers des habitants
refuseraient les concessions que la Troïka espérait leur imposer. Enfin,
il faut également évoquer une initiative citoyenne portant sur le droit
à l'eau qui a déjà rassemblé plus d'un million de signatures [2].
L'eau appartient à tous.
La concession privée sur des biens communs n'est pas la solution. La
gestion en régie n'empêche pas, cependant, de travailler, dans certains
cas, avec le secteur privé. Le mélange des deux (public/privé) est
possible. Mais c'est aux élus d'avoir la maîtrise et de pouvoir décider
des modalités de gestion de l'eau.
Nous demandons aux compagnies de retirer leur offre en Grèce
Une lettre, rédigée à l'initiative de la Fédération européenne des services publics [3], de Food and Water Europe [4] et
du député européen Kriton Arsenis (Grèce, S&D), que j'ai cosignée,
avec une cinquantaine d'autres collègues eurodéputés, est envoyée aux
entreprises ayant répondu à l'appel d'offre de Thessalonique sur la
gestion de l'eau afin de leur demander de garder l'eau comme bien
public. Elle est à lire, traduite en français, ci-dessous:
"Nous ne voulons pas de vous en Thessalonique. Vous êtes prié de retirer votre offre.
La
presse nous a appris que votre compagnie participe à un appel d'offre
pour Eyath, la Compagnie des Eaux et d'Assainissement de Thessalonique.
Nous vous demandons de retirer votre offre.
Vous
devez être conscient que les citoyens de la ville, les travailleurs et
les municipalités de Thessalonique sont opposés à une privatisation de
Eyath. Cette privatisation a lieu uniquement parce qu'elle est imposée
par le gouvernement grec, lui même subissant des pressions de la Troïka
pour réduire la dette nationale. Il n'y a rien de noble pour vous et
votre société à profiter de cette privatisation. Le peuple de
Thessalonique, avec le soutien de nombreux groupes, s'inquiète à l'idée
que vous recherchiez le profit au détriment des travailleurs et
citoyens. Comme dans d'autres régions, vous allez très probablement
faire face à de longues années d'opposition à Thessalonique, en Grèce et
dans le monde entier. Ces luttes sont bien documentées. Les compagnies
impliquées en sortent avec des réputations ternies, leur crédibilité en
berne, des risques accrus et des profits limités. Nous pensons que votre
offre est basée sur un dossier commercial bancal. Nous espérons que les
corporations d'aujourd'hui ne basent pas leur modèle de business sur
l'opportunisme, ni qu'elles cherchent à s'aventurer dans des initiatives
dans lesquelles elles ne sont clairement pas les bienvenues.
Il
a une alternative à votre offre qui a l'approbation des travailleurs de
Eyath, des habitants de Thessalonique, des municipalités et de nous
même. Il s'agit de garder l'eau comme bien public et de s'assurer que sa
distribution reste un service de haute qualité. Ceci est basé sur le
fait que l'eau est un bien public commun et que l'accès à l'eau potable
et aux installations sanitaires est un droit humain de base reconnu par
l'ONU (2010) et reconnu comme un droit fondamental par l'initiative
citoyenne européenne pour l'eau.
Nous vous demandons donc de retirer votre offre et de laisser les citoyens de Thessalonique déterminer le futur d'Eyath."
[4] http://www.foodandwaterwatch.org/europe/