Τετάρτη 25 Σεπτεμβρίου 2013

Ιδιωτικοποίηση του νερού στην Ελλάδα; Δεν τίθεται θέμα, πρόκειται για ένα δημόσιο αγαθό. Jean-Luc Bennahmias - Vice-Président duMouvement Démocrate



Privatiser l'eau en Grèce ? Hors de question, c'est un bien public 

Ιδιωτικοποίηση του νερού στην Ελλάδα; Δεν τίθεται θέμα, πρόκειται για ένα δημόσιο αγαθό.

Publié le 12-07-2013 à 10h34 - Modifié le 12-07-2013 à 11h41


 Eau robinet (Gregory Bull/AP/SIPA)
L'eau est-elle un bien comme un autre ? (Gregory Bull/AP/SIPA)

C'est le nouveau cheval de bataille de la Troïka : la privatisation de l'eau. Sous couvert de renflouer les caisses de la Grèce, on voudrait faire avaler à une population locale plus que réticente des partenariats dont elle ne veut pas.



Un enjeu de politique publique majeur 



La gestion de l'eau est un enjeu de politique publique majeur. Dans un contexte budgétaire de plus en plus serré, certaines autorités publiques se tournent vers le secteur privé. La privatisation de la distribution et du traitement des eaux n'a d'ailleurs pas été inventée pour la Grèce. En Espagne, par exemple, 57% de l'eau est aujourd'hui gérée par le privé alors qu'en 1996, 63% de l'eau était sous contrôle d'entreprises publiques. Ce mouvement s'est accompagné d'une augmentation des prix, qui a pu atteindre jusqu'à 30% par an pour certaines villes.



Les problèmes posés par une gestion privée de l'eau sont connus. Le film "Water makes Money" [1] dont plusieurs témoins a été attaqués par Veolia pour diffamation , dresse un sombre bilan de la gestion de l'eau par le secteur privé : augmentation des coûts de gestion et des prix pour les usagers, sans réelles améliorations concrètes du service.



Dans certains cas, le manque de transparence est également mis en cause et des cas de corruption se sont multipliés dans les différents pays européens. L'opacité financière rend parfois la lecture des contrats - qui sont souvent extrêmement complexes - très difficiles à déchiffrer, pour les différentes parties prenantes, et notamment les élus. A Berlin, par exemple, les habitants ont décidé par référendum de casser le secret du contrat et la municipalité est repassée à une gestion publique.



L'eau n'est pas une marchandise 



A Paris, la gestion de l'eau est assurée par une régie municipale depuis 2010. La régie est le mode le plus approprié pour la gestion de cette ressource essentielle qu'est l'eau. En effet, l'eau n'est pas une marchandise, c'est un bien public. L'accès à l'eau est un droit fondamental qui devrait être assuré pour tous.



C'est ce que semblent partager, enquête après enquête, les citoyens qui apparaissent assez largement sceptiques face à une privatisation de l'eau (selon des sondages, 80% des Allemands seraient contre la privatisation tandis que 11 autres pays européens afficheraient des proportions comparables).



En Italie, Berlusconi avait d'ailleurs dû renoncer aux privatisations face à l'opposition massive des citoyens. Aux Pays-Bas, la privatisation est même inconstitutionnelle. En Grèce, près de deux tiers des habitants refuseraient les concessions que la Troïka espérait leur imposer. Enfin, il faut également évoquer une initiative citoyenne portant sur le droit à l'eau qui a déjà rassemblé plus d'un million de signatures [2].



L'eau appartient à tous. La concession privée sur des biens communs n'est pas la solution. La gestion en régie n'empêche pas, cependant, de travailler, dans certains cas, avec le secteur privé. Le mélange des deux (public/privé) est possible. Mais c'est aux élus d'avoir la maîtrise et de pouvoir décider des modalités de gestion de l'eau.



Nous demandons aux compagnies de retirer leur offre en Grèce 



Une lettre, rédigée à l'initiative de la Fédération européenne des services publics [3], de Food and Water Europe [4] et du député européen Kriton Arsenis (Grèce, S&D), que j'ai cosignée, avec une cinquantaine d'autres collègues eurodéputés, est envoyée aux entreprises ayant répondu à l'appel d'offre de Thessalonique sur la gestion de l'eau afin de leur demander de garder l'eau comme bien public. Elle est à lire, traduite en français, ci-dessous:



"Nous ne voulons pas de vous en Thessalonique. Vous êtes prié de retirer votre offre.



La presse nous a appris que votre compagnie participe à un appel d'offre pour Eyath, la Compagnie des Eaux et d'Assainissement de Thessalonique. Nous vous demandons de retirer votre offre.



Vous devez être conscient que les citoyens de la ville, les travailleurs et les municipalités de Thessalonique sont opposés à une privatisation de Eyath. Cette privatisation a lieu uniquement parce qu'elle est imposée par le gouvernement grec, lui même subissant des pressions de la Troïka pour réduire la dette nationale. Il n'y a rien de noble pour vous et votre société à profiter de cette privatisation. Le peuple de Thessalonique, avec le soutien de nombreux groupes, s'inquiète à l'idée que vous recherchiez le profit au détriment des travailleurs et citoyens. Comme dans d'autres régions, vous allez très probablement faire face à de longues années d'opposition à Thessalonique, en Grèce et dans le monde entier. Ces luttes sont bien documentées. Les compagnies impliquées en sortent avec des réputations ternies, leur crédibilité en berne, des risques accrus et des profits limités. Nous pensons que votre offre est basée sur un dossier commercial bancal. Nous espérons que les corporations d'aujourd'hui ne basent pas leur modèle de business sur l'opportunisme, ni qu'elles cherchent à s'aventurer dans des initiatives dans lesquelles elles ne sont clairement pas les bienvenues.



Il  a une alternative à votre offre qui a l'approbation des travailleurs de Eyath, des habitants de Thessalonique, des municipalités et de nous même. Il s'agit de garder l'eau comme bien public et de s'assurer que sa distribution reste un service de haute qualité. Ceci est basé sur le fait que l'eau est un bien public commun et que l'accès à l'eau potable et aux installations sanitaires est un droit humain de base reconnu par l'ONU (2010) et reconnu comme un droit fondamental par l'initiative citoyenne européenne pour l'eau.



Nous vous demandons donc de retirer votre offre et de laisser les citoyens de Thessalonique déterminer le futur d'Eyath."



[1] Film de Leslie Franke et Herdolor Lorenz, France/Allemagne, 2010


[4] http://www.foodandwaterwatch.org/europe/